Toujours détenteur du record de Bretagne du saut en longueur, Jean Cochard n’a pas oublié sa cinquième place décrochée aux Jeux Olympiques de Tokyo en 1964.
Les souvenirs sont rangés dans des cartons de déménagement qui n’ont pas été ouverts depuis que Jean Cochard, 82 ans aujourd’hui, et son épouse ont pris la décision de quitter Lorient pour revenir vivre à Guissény, sur la côte nord finistérienne, quand l’heure de la retraite a sonné pour le géomètre-expert, il y a deux décennies. Des coupures de presse d’époque, des souvenirs des grands rendez-vous internationaux, les médailles rappelant ses deux titres de champion de France ou une médaille de bronze européenne ramenée en 1966 de Budapest avec un record personnel à 7,88 m, qui reste le plus vieux record de Bretagne gravé sur les tablettes fédérales.
Tremblement de terre au village
La modestie du colosse de Guissény, qui revendique dans un large sourire le titre de « recordman du monde des plus de 90 kg » dut-elle en souffrir, peu d’athlètes bretons peuvent s’enorgueillir d’un tel palmarès, d’une médaille européenne et de deux qualifications olympiques, dont la première l’avait conduit, au bout d’un interminable voyage, vers un Japon poursuivant, vingt ans après Hiroshima, un long processus de rédemption. La télévision était encore une denrée rare, les pistes d’athlétisme toujours recouvertes de cendrée et l’amateurisme une intangible réalité.
Cinquante-sept ans après, Jean Cochard n’a rien oublié de ce « premier grand voyage en avion. C’était long, très long », ni de ce village olympique improvisé dans « des baraquements américains », où les athlètes étaient réunis par chambres de trois ou quatre. Et encore moins ce tremblement de terre en guise de pot d’accueil pour les athlètes la première nuit. « Certains ont sauté par la fenêtre », souvenirs éternels d’une aventure à laquelle il n’aurait pas dû participer.
Sautoir inondé à Tokyo
Il s’en est pourtant fallu d’un rien, d’une intervention de son coach du CEP Lorient René Le Cloërec pour que Jean Cochard ait le droit de participer aux épreuves de sélection à La Baule. « Les autres m’ont demandé ce que je faisais là ». La réponse cinglera, dans le bac à sable, un 7,84 qui l’emmènera avec l’autre Breton Alain Lefèvre sur un sautoir japonais aux allures de piscine olympique. Avec 7,44 au troisième essai après deux premières tentatives, le Finistérien décrochera une méritoire cinquième place, loin derrière le Gallois Lynn Davies.
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